Revue de presse : Le réseau des tiers lieux éducatifs se structure : le 110 bis y contribue !

Le réseau des tiers lieux éducatifs se structure : le 110 bis y contribue !

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Un Tiers Lieu ne se définit pas par ce que l’on en dit mais par ce que l’on en fait…” Manifeste des tiers lieux

Le 28 novembre dernier, le 110 bis, lab d’innovation de l’Education nationale, lançait un cycle de rencontres contributives dédié aux tiers-lieux éducatifs. Le prochain rendez-vous prévu le 2 avril abordera les démarches de tiers-lieux menées dans les salles de classe. Enjeux d’ouverture aux acteurs du territoire, d’aménagement de l’espace et du changement de posture de l’enseignant-facilitateur seront entre autres au programme de cette troisième journée d’échanges et de documentation.

Mais d’abord…que sont les tiers-lieux ? Les tiers-lieux, comme en témoigne le récent rapport de Patrick Lévy-Waitz qui en recense plus de 1800 en France, sont devenus un vrai enjeu de politique publique. Appropriés par des communautés de leur territoire, les tiers-lieux proposent un environnement propice à la sérendipité, à l’émergence de projets, à la production et à la diffusion de savoirs. En cela, ils constituent de véritables dispositifs d’aide à la dynamisation des territoires,au développement de services en réponse à des besoins locaux et au renforcement des liens sociaux.

Synthèse du rapport de Patrick Lévy-Waitz sur les tiers-lieux, 2018

Cet ancrage au local explique aussi qu’il n’existe sans doute pas de définition consacrée des tiers-lieux, qui ferait standard : au fond, comme l’innovation, les tiers-lieux se caractérisent plus qu’ils ne se définissent. On peut toutefois en distinguer plusieurs typologies selon les usages qui s’y tiennent et s’arrêter sur quelques aspects communs incontournables.

  • Tiers-lieu : « un espace physique, mais pas que, qui rassemble une communauté d’usagers.» Au comptoir numérique, Saint-Etienne
  • « Le concept de tiers-lieu consacre une situation de rencontre entre plusieurs personnes, morales et physiques, nécessairement hétérogènes et non affiliées, qui s’engagent volontairement dans un travail de conception d’une même représentation et dont chacun est prêt à répondre personnellement devant ses semblables ». Antoine Burret, sociologue des tiers-lieux

Les tiers-lieux, en tant qu’ils sont par essence des espaces apprenants, trouvent une résonance particulière dans le système éducatif. Comme l’explique Jean-Baptiste Labrune dans son article tiers-lieux apprenants,: « à la différence d’espaces institutionnels ritualisés et structurés selon des principes de verticalité, les tiers lieux ont permis le développement de pratiques informelles, interdisciplinaires, centrées sur le faire par soi-même (DIY), l’apprendre par le faire (learning-by-doing) et l’éducation tout au long de la vie (lifelong learning). Dans un tiers-lieu, on apprend sur et par soi-même (savoir-être), on apprend de l’interaction avec d’autres (savoir-vivre), on affine des compétences précises et spécialisées (savoir-faire) et on devient petit à petit la mémoire et l’esprit du lieu, en situation de le garder vivant (savoir-transmettre». Ils représentent donc une piste de réponse au besoin d’espaces ouverts et transversaux, favorisant la mixité et la créativité, en dehors des cadres d’apprentissage traditionnels…ou en transformant ces derniers.

Tentative de visualisation d’un tiers-lieu apprenant par Jean-Baptiste Labrune, 2018

Sous différentes formes (lab d’innovation makerspace, hackerspace, learning center, fablab, living lab, classlab,etc.) et tout en investissant des espaces existants divers, les tiers-lieux éducatifs essaiment dans les territoires. De nombreux FabLabs émergent dans les établissements, à Sarreguemines (57), au Lycée Henri Nominé, à Clichy-sous-Bois (93), au Collège Louise-Michel, ou encore à Paris (75), avec l’Electroscope du Lycée Hélène Boucher. Dans les CDI, des makerspace et des espaces collaboratifs sont créés : la machinerie d’Alex du collège Alexandre Varenne de Saint-Eloy-Les-Mines (63) ou le makerspace du lycée international de Noisy-le-Grand (93). Des mouvements similaires fleurissent dans les médiathèques et les bibliothèques universitaires parmi lesquelles le learning center de l’université de Lille et la médiathèque de Languidic (vidéo à venir) devenue troisième lieu (vidéo à venir). En classe, des démarches tiers-lieux se développent à partir d’initiatives qui visent à repenser les espaces et la collaboration entre les élèves. On retrouve ce questionnement avec les classes mutuelles. Aujourd’hui, dans une logique de territoire apprenant, des établissements se repensent comme des tiers-lieux. C’est le cas du lycée Henri Parriat à Montceau-les-Mines (71) qui a inauguré le 27 février 2019 un tiers-lieu : le laboratoire pédagogique Irréel, une école-laboratoire ouverte sur le territoire en contact constant avec la recherche académique. Ces tiers-lieux éducatifs sont parfois tournés vers des objectifs ciblés : lutter contre le décrochage scolaire, favoriser une plus grande inclusion, proposer des services de médiation numérique, développer des programmes de recherche-action, etc. Mais tous se rejoignent dans la volonté d’accompagner le développement de projets d’élèves ou du personnel d’établissements, de développer l’apprentissage en pair-à-pair et les soft skills (créativité, empathie, sérendipité, capacité à collaborer), de s’ouvrir aux acteurs du territoire.

Cette dynamique, que les précurseurs des tiers-lieux en France n’auraient pas imaginée il y a encore 10 ans, doit adresser plusieurs enjeux pour garantir la pérennisation des démarches entamées :

Faire communauté : mailler un écosystème de compétences, projets, espaces, au delà des périmètres (territoriaux, disciplinaires, institutionnels, etc.) .

Faire émerger un patrimoine informationnel commun : mutualiser des outils libres et open source et des dispositifs de documentation est la seule garantie d’une non enclosure et d’une circulation des savoirs. C’est pourquoi ils sont plébiscités dans les tiers-lieux.

Créer un cadre RH adapté qui permette la naissance, le développement et la valorisation des projets qui habitent les tiers-lieux : cela passe notamment par la reconnaissance du poste clé d’animateur de tiers-lieu/concierge/fabmanager/facilitateur et celle des contributions des enseignants qui les accompagnent en de hors de leur activité d’enseignement.

Dépasser les effets de mode : si l’on ne peut que se réjouir d’une vraie appétence pour les tiers lieux sous toutes leurs formes, gare aux effets d’annonce qui peuvent par la suite s’avérer très déceptifs et donc contre-productifs. La convivialité d’un espace et des équipements technologiques sont loin d’être suffisants. Sans une animation et une offre de services dédiés, sans capacité à s’adapter en permanence aux besoins des usagers, sans un certain nombre de valeurs clairement affichées, il n‘y a pas de tiers-lieu.

De même qu’il n’y a pas de définition standard d’un tiers-lieu, il n’existe pas de modèle qui serait réplicable à l’identique. L’ADN de chaque tiers-lieu intègre des éléments de son territoire et des communautés qui s’en saisissent. Il s’agit donc de développer une capacité à s’adapter pour tenir compte en permanence des besoins des usagers et de penser une offre de services et de ressources (compétences, matériels, financements parfois) en cohérence, davantage que de considérer que l’offre — en équipements notamment — suffira à générer la demande. Autant dans des collectivités avec des FabLabs sans vie qui ont fermé leurs portes, que dans des universités avec des tiers-lieux sans communauté ou au sein de lab d’entreprises sans projet, ces écueils ont pu être observés.

Les actions du 110 bis en faveur du développement des tiers-lieux éducatifs

Le 110 bis, lab d’innovation du ministère de ‘l’Education nationale, se positionne comme un pas de côté, une façon de penser, de travailler, d’échanger autrement tout en étant dans un environnement (culturel, réglementaire, etc.) institutionnel. Trouver un vocabulaire partagé, faire émerger un patrimoine informationnel commun, fédérer une communauté de valeurs et contribuer à faire évoluer les cadres institutionnels font partie intégrante des missions du 110 bis et participent de la création d’un environnement propices au développement de projets innovants. C’est la raison pour laquelle l’équipe du 110 bis contribue à connecter les acteurs impliqués dans des démarches de tiers-lieux « éducatifs » au sens large et à la documentation que cette mise en réseau exige. In concreto, cela passe par l’accompagnement de l’association d’enseignants tiers-lieux édu (1), l’organisation d’un cycle de rencontres contributives sur les tiers-lieux éducatifs (2), la co-animation du forum en ligne tiers lieux éducatifs (3) et le développement d’une offre de services dédiée à accompagner les laboratoires d’innovation des rectorats (4).

(1) Accompagnement de l’association tiers-lieux édu : La posture adoptée par le 110 bis n’est pas celle de la modélisation descendante et du pilotage centralisé, mais plutôt l’adoption d’une logique de partage (de valeurs, de ressources, d’outils et de pratiques) et la constitution d’un réseau actif et horizontal au sein duquel il constitue un nœud particulier. Une communauté des tiers-lieux éducatifs est disséminée sur tout le territoire français métropolitain et d’outre-mer. Afin de permettre à chacun d’échanger sur ses pratiques et ses difficultés, de partager des ressources et d’initier des projets collaboratifs, le 110 bis accompagne le développement de l’association d’enseignants “Tiers lieux edu” avec laquelle nous co-organisons le cycle de rencontres contributives (voir ci-dessous) et co-animons le forum en ligne forum.tierslieuxedu.org. Pendant virtuel du cycle de rencontres contributives, il a pour but de réunir tous les acteurs qui participent à des projets de tiers-lieux éducatifs, pour faire émerger un patrimoine informationnel commun. On y organise des temps d’échange thématique réguliers , on y documente les différents tiers-lieux éducatifs, les projets qui y ont cours et on y aide ceux qui veulent se lancer.

(2) Animation d’un cycle de rencontres contributives sur les tiers lieux éducatifs : le 110 bis a lancé un cycle de rencontres contributives sur les tiers-lieux éducatifs visant à aborder la diversité des réalités que recouvre la notion de “tiers-lieux” et à accélérer la rencontre des communautés. Au programme de chaque rendez-vous : des présentations de tiers-lieux éducatifs qui inspirent, des sessions de documentation pour partager les savoirs, des ateliers de travail pour produire des ressources utiles, tout cela dans une ambiance conviviale pour échanger et se rencontrer. Après une première session dédiée aux FabLabs et une deuxième aux CDI et bibliothèques, la prochaine rencontre se tiendra le 2 avril sur le thème des salles de classe comme tiers-lieux éducatifs. 
D’abord organisé au sein des locaux du lab 110 bis, ce cycle a vocation à être décliné et à essaimer dans les académies, au plus près des communautés. Dans la suite du cycle seront notamment abordés : les établissements, les rectorats et les campus, les tiers-lieux éducatifs dans les zones rurales et dans les zones prioritaires, etc. Le cycle pourra aussi prendre la forme de rencontres thématiques portant sur des sujets de fond (ex : la formation tout au long de la vie dans les tiers-lieux éducatifs) ou de pratiques (ex : amorcer un projet de tiers-lieu dans son établissement, développer la programmation d’un tiers-lieu, créer un jeu pour faire découvrir son tiers-lieu, etc.)

Atelier lors de la rencontre contributive : des FabLabs dans l’Education Nationale 
vers les tiers-lieux éducatifs le 28 novembre 2018

Contribution au développement d’outils libres et open source : à mesure de l’apparition de besoins d’outils dans la communauté, le 110 bis s’attachera à contribuer directement et indirectement au développement, à la valorisation et au déploiement d’outils libres et open source. A ce titre, un wiki et une cartographie sont en construction à partir des contributions sur le forum.

forum.tierslieuxedu.org

Développement d’une offre de services dédiée à accompagner les laboratoires d’innovation de l’Education nationale, dont certains adopteront des démarches tiers lieux. Dans la continuité de l’accompagnement expérimenté avec Cap, le lab d’innovation du rectorat de l’académie de Limoges, l’équipe du 110 bis structure une offre de services à l’attention des acteurs de l’Education nationale qui souhaitent porter un projet de laboratoire d’innovation : résidence ponctuelle au 110 bis, aide à la recherche de financements des projets, partage de bonnes pratiques (animation, programmation, gouvernance) et de ressources, sont au coeur de nos réflexions.

Comme tout laboratoire d’innovation, nos activités et nos réflexions sont en constante évolution et nous ne manquerons pas de mettre à jour cet article. D’ici là, si vous souhaitez rejoindre la communauté des tiers-lieux éducatifs, retrouvez-nous sur le forum : forum.tierslieuxedu.org !

L’équipe du 110 bis

via Medium

March 15, 2019 at 11:59AM

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